Crash le morceau !

Publié le par Jazz

Anxiété : n.f. Sentiment d'un danger imminent et indéterminé s'accompagnant d'un état de malaise, d'agitation, de désarroi et d'anéantissement. Grande inquiétude, angoisse (mais on réserve plutôt le nom d'angoisse aux sensations physiques qui accompagnent l'anxiété).

L’anxiété, je connais.
Commun aux femmes de ma famille, c’est un trait que j’ai longtemps renié avant qu’il ne me manifeste sa présence en moi avec fracas.
Quand l'anxiété s'empare vraiment de moi, je suis sujette à des crises d'angoisse.
Certaines d'entre elles sont faciles à parer, car elles mandatent des démons émissaires qu’il m’est devenu facile de repérer à la pratique : j’ai appris à me concentrer, à maîtriser ma respiration, à dominer certains phénomènes dès prémices avant qu’ils n’enflent.

Mais il y a les autres, ces crises dont les signes précurseurs ont rampé pour tromper ma vigilance, celles qui échappent au tamis du radar, celles qui se sont nourries patiemment de petites peurs, de minuscules doutes, de contrariétés mineures
¤ qui individuellement me paraissent aussi ridicules que la mouche sur le bœuf, mais ensemble, aïe aïe aïe ! ¤.
Ces crises-là me paralysent au propre, au figuré. Physiquement, je sens mes membres qui se recroquevillent, j'éprouve la sensation, d'autant plus désagréable que je ne peux pas la contrôler, que mes muscles s'atrophient et que mes veines rétrécissent et se serrent. Le médecin dit : « spasmophilie ». Moi, je dis : « ce qui aspire la vie hors de moi par tous les pores, à chaque respiration, dans une douleur labile et obsédante, qui semble ne jamais devoir se finir ».

Peu de gens, peu de choses arrivent à m’apaiser dans ces moments.
Il m'arrive d'être tellement engloutie sous cette panique sombre, lourde et sourde, impossible à vocaliser pour moi qui doit tout nommer, qu'il me devient impossible, c'est bête, de regarder les informations ou d'entendre Maman me faire part de sa moisson de nouvelles.

Oui, parce que quand ma mère m'appelle, elle me parle de gens. Parfois je les connais, parfois non.
Enfin, tout cela serait banal si ces gens n’étaient pas au choix  : grièvement accidentés, devenus cardiaques depuis peu, cancéreux phase terminale récemment révélés, nouveaux handicapés lourds, fraîchement installés sur leur lit de mort ou franchement morts.
Pourtant Maman ne travaille ni à la morgue, ni dans un hôpital.
Pourtant je lui explique que ces sujets de conversation morbides et récurrents me vident.
Pourtant elle sait que ce n'est pas de l'insouciance, c'est tout le contraire.
Pourtant elle sait mon anxiété.
Mais elle continue.

Hier, Maman m'a appelée et dans sa voix perçait l'inquiétude.
152 Martiniquais, ces cousins, ces voisins, morts dans un crash d'avion au dessus du Vénézuela.
Et 1 ami de la famille souffrant d'un infarctus se serait cogné la tête en se levant, sa famille l'a retrouvé le crâne entaillé, dans son lit, au milieu d'une mare de sang. Charmant.
Toutes les catastrophes aériennes de ces derniers temps, alors qu'avec le Loup, nous allons bientôt prendre l'avion... que si on doit mourir, et que c'est la volonté de Dieu...
¤ Dieu, si Dieu le veut, Dieu seul sait, Dieu pourvoira, qui mieux que Dieu, Dieu à qui mieux-mieux... je ne crois plus en Dieu pas celui de la Bible, pas celui de l'église, je ne crois plus en Dieu comme on ne croit plus au Père Noël. Si je l'apprends à ma mère, elle va peut-être flipper, ou bien se dire que c'est comme ces autres fois où la foi m'est finalement revenue ; mais quoi qu'il en soit, ce n'est pas le bon moment de lui dire... ¤

D'accord, Maman s'inquiète, c’est une mère, c'est normal.
D'accord, nous vivons à plus de 7 000 km du poulailler.

Mais est-ce une raison pour me dire

Ah ! Vivement que vous soyez de retour de vacances, chez vous, sains et saufs...

alors que
je ne suis pas encore partie
et que
j'attends ces vacances depuis des mois ?


J'ai le moral à zéro, une crise d'angoisse qui rend périodiquement chaque battement de mon coeur douloureux m'étreint en ce moment-même, je suis dégoûtée des vacances avant même de les avoir commencées, je suis down...

Et on dit merci qui ?

Merci maman !

¤ Je l'aime toujours ma Môman, cela va sans dire, mais elle a le chic pour mettre l'ambiance...
Note pour plus tard : vérifier si j'ai le même pouvoir sur mes enfants, bon sang ne saurait mentir ! Niark, niark, niark, niark, niark... Mouhahahahahahahaa ¤

 

Publié dans On veut des vacances !

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J
Allez, une lectrice/commentatrice assidue (non, on ne me contredis pas... ) est revenue... Et puis je suis certaine que tu as eu plein de comm' en mon absence.
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J
Comment ça, tu es en vacances maintenant! et qui c'est qui va lire mes commentaires alors?
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F
De rien, je me sens très psy en ce moment même dans mes notes
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J
@La Moole : sans conteste, la tienne bat la mienne à plates ocutures.<br /> Mais une maman qui ne s'inquiète pas pour ses rejetons n'est pas une vraie maman. C'est pour ça aussi que nous les aimons.<br /> ;o)
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L
Je te comprends, la mienne est pire. Mais c'est plus vicieux parce qu'elle ne le dit pas directement et elle se contente de faire transpirer sa désaprobation.
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