Bagouse de la loose
Samedi matin.
Réveil moite au sortir d'une nuit qu'un petit ventilateur a tenté de refoirdir en vain.
La chaleur, les allergies, la lumière qu'il sent derrière les rideaux, le bruit des commerçants qui s'affairent dehors sans lui ont eu raison du sommeil du Loup. Plus aucune trace de ce vert matinal qui me fascine, ses iris sont déjà tout marrons : il a les yeux ouverts depuis longtemps.
Il a fait un effort : rester au lit en attendant que ma nuit se termine, même s'il déteste l'inactivité de la grasse matinée. Le Loup sait que je déteste me réveiller seule € j'ai peur maladive de l'abandon, mais je me soigne. Comme Punky Brewster :
Maybe the world is blind,
Or just a little unkind ?
Don't know.
Seems you can't be sure
Of anything anymore.
Although...
€.
Samedi main, je le vois qui sourit. Comme tous les matins. Je l'enlace paresseusement € ou plutôt, je lui balance un bras sur le bide €.
- Le Loup ?
- T'as bien dormi ?
- Oui, et toi la puce ?
- Vi.
- C'est bien.
- Le Loup ?
- Oui ma puce ?
- Tu sais que t'as de la chance de m'avoir ?
- Pourquoi ? € Goujat, tu pouvais pas répondre " Oui ? Mais j'ai parfois du mal à me rendre compte de tout ce bonheur ?" Pfff... €
- Ben parce que j'ai réfélchi, je veux une alliance simple. Sans pierre, sans diamants, rien. Un anneau simple.
- D'accord.
Rien d'autre, il détourne la tête, il est reparti dans ses pensées.
- Tu dis rien ?
- Ben non, pourquoi, qu'est-ce que tu veux que je dise ?
- Ben je sais pas, ce que tu en penses ? En plus, t'a tourné la tête avant que j'aie fini de te parler.
- Alors, qu'est-ce que tu voulais dire ma puce ?
- Que je voulais juste qu'à l'intérieur il y ait écrit le mot "amour".
- Hmm... D'accord.
J'ai l'impression d'être un gamin qui dérange papa dans la lecture de son journal. Mais il pose sa jambe sur moi, à la manière d'un judoka et déclare :
- Ben toi, t'as pas de chance, je veux une bague avec plein de diamants.
- Tu veux une bague de pimp Le Loup ? entre deux grosses crises de rire
- Ouais !
- Hmm... D'accord.
Ce garçon ne tourne pas rond. Mais il me fait bien rire.
Et puis, il sait qu'il n'y a rien à manger et il attend que, l'oeil endormi, le cheveu fou, la joue encore zébrée par les marques de l'oreiller, j'aille à la boulangerie d'en bas.
Je reviendrai avec les croissants, les pains au lait au sucre, les cannelés et la brioche, et comme tous les matins depuis toujours il aura dressé la table, préparé mon thé, versé un verre de bon jus d'o, apporté ma cuiller et mon couteau favoris.
Il me remerciera et depuis la cuisine, il me hèlera en me demandant si je veux un yaourt.
Samedi matin.
Petit bout de paradis.